Return

Souvenirs de mamie

Flambadou
Quelques brides d'Aveyron : veillée au flambadou et traditions

Le flambadou, mon flambeau de mémoire

Quand j’étais jeune, on n’avait ni chauffage central, ni micro-ondes, ni foutaises. Mais on avait le flambadou. Et ça, mon pitchou', c’était pas rien.

Tu vois, le flambadou, c’est un long tube de fer qu’on chauffait à blanc dans le feu, et qu’on utilisait pour faire couler la graisse sur la saucisse ou la côte de bœuf. Mais pour moi, c’était bien plus que ça. C’était le début des grandes veillées, la chaleur du foyer, la lumière dans les yeux des enfants. C’était la flamme qu’on passait de génération en génération.

Quand le flambadou rougissait, la soirée commençait

Chez nous, on ne dînait pas à la va-vite. Oh non ! Le flambadou, on le sortait pour les grandes occasions, mais aussi pour les simples dimanches d’hiver. Il était là, planté dans la braise du cantou, rouge comme un diable, prêt à crépiter. Et quand on versait la graisse sur la viande, pfsssshhh, ça chantait ! Et tout le monde riait, les yeux brillants de gourmandise.

C’était pas juste pour se régaler. C’était un rite, un moment de partage. Tu pouvais sentir la graisse fondue couler sur le pain, le silence respectueux pendant qu’on retournait la viande, et puis les discussions qui reprenaient, comme un feu qu’on attise. Souvent c'était Pépé qui s'en occupait, mais c'est un savoir qu'on se transmettait, fort heureusement !

Autour du feu, le temps se suspendait

Les petits s’asseyaient sur des coussins, les grands sortaient la bouteille de ratafia, et moi, je racontais. Des histoires de mon enfance, des contes du pays, des souvenirs de moisson, de gelée noire ou de fêtes votives. On parlait patois, on se lançait des proverbes : "Quand lo flambadou canta, es que la nuèch s’annonça."

Et moi, je pensais : tant que le flambadou rougit, on est vivants. Quand on le sors ici au restaurant, c’est comme si les parents, les grands-parents, tous ceux d’avant revenaient s’asseoir à côté de nous tous. Ils sont là, dans la flamme, dans l’odeur, dans le craquement.

Je suis une vieille femme, mais tant que le flambadou rougit, je suis debout.

Je suis peut-être ridée comme une vieille souche, mais j’ai le feu dedans. Et je te le dis, toi qui m’écoutes : garde ton flambadou. Pas forcément en fer, hein. Mais ce qui t’éclaire, ce qui te lie aux tiens, ce qui fait crépiter ton cœur. Car tant qu’il y a un flambadou dans la cheminée, on n’est pas perdus !


Allez, viens t’asseoir, je vais le mettre à chauffer. Ce soir, c’est saucisse et souvenirs. Réserve ta table (Millau) ici